La production d’armagnac

Dans le secteur de la production artisanale, bien que moins connu que le cognac, l’armagnac ne demeure pas moins une boisson qui séduit autant les collectionneurs que les chefs et les mixologues. Étant le plus ancien spiritueux de France, ce produit mise, tant bien que mal, sur sa qualité gustative et son prix pour maintenir sa place sur un marché en constante évolution.

La production et les types d’Armagnac

Ce produit emblématique du Sud-Ouest de  la France est une eau-de-vie de vin qui se distingue par son mode de distillation unique et son vieillissement en fût de chêne. Cette boisson s’obtient à partir d’un procédé strict encadré par une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) depuis 1936 qui garantit son authenticité. La production de l’Armagnac suit un processus traditionnel allant de la culture de la vigne (avec des cépages comme Ugni Blanc, le Baco, la Folle Blanche et le Colombard) au vieillissement, en passant par la vinification et la distillation.

L’Armagnac, souvent éclipsé par le cognac, se produit depuis plus de 700 ans, et certains Armagnacs peuvent vieillir plus de 100 ans sans perdre leurs qualités gustatives. Il existe même des bouteilles millésimées de 1888 encore en circulation et vendues à prix d’or aux collectionneurs.

Cette boisson artisanale se décline en plusieurs types. En fonction du vieillissement on distingue : la Blanche Armagnac qui est non vieillie, le VS (Very Special) ou Trois Étoiles, vieilli d’au moins 1 an en fût, le VSOP (Very Superior Old Pale) vieilli d’au moins 4 ans en fût, le XO (Extra Old) et le Hors d’Âge, vieilli de 10 ans et plus en fût. On retrouve des marques comme Château de Laubade, Delord, Labadie et Castarède, parmi les plus connues. Par la méthode de distillation on obtient l’Armagnac traditionnel distillé en colonne à bas degré et l’Armagnac distillé en double chauffe, plus léger et rare. La maison historique Janneau est réputée pour ses doubles distillations. Par terroir on compte le Bas-Armagnac fin et fruité, le Ténarèze plus corsé et le Haut-Armagnac plus rare et délicat.

Cette boisson s’utilise de plus en plus dans la gastronomie et la mixologie comme un ingrédient prisé dans les cocktails haut de gamme et même dans des recettes de cuisine comme la sauce flambée ou les desserts aux fruits caramélisés.

Les chiffres clés de sa production et son impact économique

En 2023, la production annuelle d’Armagnac s’élevait à 5,5 millions de bouteilles, soit environ 20 000 hectolitres d’alcool pur. Malgré son prestige, l’Armagnac ne représente qu’une fraction du marché des spiritueux français, largement dominé par le cognac. Son chiffre d’affaires annuel s’estime à 50 millions d’euros contre 3,6 milliards d’euros pour le cognac. La France consomme environ 2,5 millions de bouteilles d’Armagnac soit près de 40 % de la production totale avec une clientèle essentiellement âgée et fidèle. Près de 60 %, de la production d’Armagnac a été exportée en 2023, notamment vers les États-Unis, la Chine et le Japon, où l’intérêt pour les spiritueux français haut de gamme reste fort.

Toutefois, l’intensification de la concurrence mondiale fragilise l’exportation de l’Armagnac et les ventes nationales sont confrontées à une baisse de la consommation d’alcool. Ce changement de comportement des consommateurs incite les producteurs à explorer de nouvelles stratégies pour un bon maintien à l’export et aussi pour faire face à ce recul des ventes en France.

Bien que l’Armagnac soit moins produit que d’autres spiritueux français, sa qualité et son caractère unique assurent sa présence notable sur les marchés internationaux. Mais une question demeure : l’Armagnac réussira-t-il à séduire une nouvelle génération de consommateurs tout en préservant son image traditionnelle et artisanale ?

*à consommer avec modération