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15 Octobre 2025
La production de pastèque au Maroc
La pastèque, fruit emblématique de la saison estivale, occupe une place de choix dans l’agriculture marocaine, tant pour la consommation locale que pour l’exportation. Adaptée aux zones chaudes, elle offre un pouvoir rafraîchissant très apprécié tout en valorisant des exploitations de petite et moyenne taille. Face aux défis climatiques et à la pression sur les ressources en eau, la filière constitue un véritable indicateur de capacité du Maroc à concilier rendement et durabilité.
Entre 2020 et 2025, la superficie consacrée à la culture de la pastèque au Maroc a connu des fluctuations notables, passant de 16 812 hectares en 2020 à un pic de 19 206 hectares en 2021, stimulé par l’adoption de techniques agricoles modernes, avant de diminuer progressivement les années suivantes, 14 258 hectares en 2022 en raison des contraintes hydriques, une légère stabilisation à 14 582 hectares en 2023, puis des estimations à la baisse pour 2024 et 2025 avec respectivement 13 500 et 13 200 hectares.
Ces variations reflètent la pression croissante sur les ressources en eau et les restrictions d’irrigation, particulièrement dans les régions de Souss-Massa et Draâ-Tafilalet.
En 2023, la production nationale de pastèque a atteint 462,72 millions de kilogrammes, plaçant le Maroc au 20 ᵉ rang mondial. Malgré une perte de 140,23 millions de kilos due à la sécheresse, cette performance reste stratégique pour les marchés méditerranéens. Les volumes destinés à l’export sont passés de 152 000 tonnes en 2021 à 113 500 tonnes en 2023, illustrant l’impact de la crise hydrique sur la compétitivité extérieure.
Entre 2020 et 2025, les rendements moyens de la culture de la pastèque au Maroc ont été fortement influencés par les aléas climatiques passant de 40 288,6 kg/ha en 2020 à un pic historique de 42 908,6 kg/ha en 2021 grâce à l’irrigation goutte-à-goutte, avant de chuter à 31 731,3 kg/ha en 2023 sous l’effet des vagues de chaleur, avec des projections encore à la baisse pour 2024 et 2025, estimées respectivement à 30 000 et 29 500 kg/ha. Cette tendance met en évidence l’urgence d’adapter les pratiques agricoles et d’investir dans des solutions résilientes face aux extrêmes thermiques.
Au Maroc, le réseau de commercialisation de la pastèque s’organise en plusieurs niveaux, avec un prix à la ferme variant entre 7 et 8 MAD/kg, un prix en gros sur les marchés locaux pouvant atteindre 10 MAD/kg, et un prix à l’export vers l’Europe oscillant entre 0,95 dollar et 0,80 dollar par kg, en dépit d’une concurrence croissante en provenance d’Italie et de Grèce.
Dans la région de Berkane, les volumes exportés ont déjà progressé de 17 % par rapport à la même période de 2024, témoignant de la solidité des débouchés internationaux.
La pastèque est une culture gourmande en eau (5 000 à 7 000 m³/ha) et mobilise plusieurs postes de dépenses : semences, système d’irrigation, main-d’œuvre et transport. Selon des producteurs de Zagora, le prix d’achat des récoltes d’une ferme varie de 80 000 à 140 000 MAD (Maroccan dirham) par hectare, reflétant la qualité des sites et le rendement attendu. À ces coûts directs s’ajoutent les frais logistiques et phytosanitaires, notamment pour maîtriser le virus MWMV, dont la lutte a été renforcée depuis 2024.
La filière pastèque au Maroc démontre une grande capacité d’adaptation malgré un contexte hydrique tendu et des aléas climatiques croissants. Pour consolider ses acquis, le secteur doit poursuivre la modernisation de l’irrigation, renforcer la recherche de variétés résistantes et diversifier les circuits courts. L’enjeu sera d’équilibrer rendement et préservation des ressources, tout en restant compétitif sur les marchés internationaux.