La consommation d’eau par habitant dans le monde

L’eau, si présente dans notre quotidien qu’on en oublie l’importance, est pourtant l’un des fondements essentiels de la vie. Invisible quand elle coule du robinet, précieuse quand elle vient à manquer, elle se trouve au cœur de nombreux enjeux contemporains. Entre nécessité vitale, produit commercialisé et source de tensions internationales, sa place dépasse largement le simple geste d’hydratation. À travers cette analyse, nous mettrons en lumière les multiples facettes de cette ressource : son rôle vital pour l’humanité, les excès liés à sa commercialisation, ainsi que les tensions écologiques et géopolitiques qu’elle suscite.

Chaque jour, un être humain mobilise en moyenne 2 000 litres d’eau — pas seulement pour boire, mais à travers toute la chaîne alimentaire. En comparaison, la consommation domestique directe est bien moindre : 137 litres/jour en moyenne en France, contre 40 litres à l’échelle mondiale selon le CNRS. Or, cette ressource précieuse reste inégalement répartie, exposant des millions de personnes à une insécurité hydrique croissante.

En 2024, le marché mondial de l’eau embouteillée atteignait 317 milliards €, avec une projection de 532,5 milliards € en 2032. Ce chiffre qui évolue d’environ 7 % annuellement cache des enjeux de santé publique d’une part, mais également la difficulté de certaines populations d’avoir accès à l’eau potable. Le seul marché des bouteilles représente déjà 7,5 milliards € en 2022, avec une croissance attendue de plus de 4,5 % par an. Mais cette dynamique pose aussi question : entre production de plastique, émissions de CO₂ et privatisation progressive de l’eau, l’impact environnemental devient de plus en plus préoccupant.

Le prix d’une bouteille de 1,5 litre varie du simple au décuple selon les pays : 1,86 € en Australie ou aux Philippines, autour de 1,50 € à Singapour ou en Norvège, contre seulement 0,13 € en Égypte et 0,18 € en Tunisie. Les tarifs en Europe oscillent entre 0,23 € et 0,90 €. Ces écarts s’expliquent par le coût des infrastructures, des taxes, de l’importation, ou encore par la disponibilité locale de l’eau potable. Mais ils soulignent surtout une réalité troublante : un bien vital devient un produit commercial, générateur d’inégalités flagrantes.

Chaque année, un individu consomme en moyenne près de 730 000 litres d’eau, en grande majorité de façons indirectes — via l’agriculture, l’élevage, ou l’industrie. En effet chaque produit à une empreinte carbone et donc hydrique : une tasse de café ou un steak de bœuf nécessite des centaines de litres d’eau. À titre d’exemple, il faut entre 7 000 et 10 000 litres d’eau pour fabriquer un jeans. À l’échelle mondiale, les 3 800 km³ d’eau utilisés chaque année (soit 3,8 quadrillions de litres) sont mal répartis, alors que près de 2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à une eau potable sécurisée.

Le marché mondial de l’eau s’approche des 323,7 milliards d’euros, avec une projection à 620,8 milliards en 2033. Cette dynamique s’appuie sur un TCAC de 7,5 % entre 2025 et 2033, traduisant un intérêt croissant pour la sécurité hydrique, la qualité de l’eau potable et la résilience climatique. Les pays développés investissent dans des infrastructures intelligentes, tandis que les nations émergentes favorisent l’accès à l’eau en s’appuyant sur des partenariats public-privé. Cette expansion commerciale interroge toutefois : comment concilier rentabilité et droit fondamental à l’eau ?

L’eau potable, bien essentiel à la vie, reste inégalement répartie et représente l’un des grands défis contemporains. Alors qu’elle devrait être un droit fondamental, elle devient parfois un privilège, soumis à des logiques de profit, de pollution ou de rareté. Ce bien vital ne peut rester un simple produit de consommation : il appelle à une gestion plus éthique, plus durable et équitable. Garantir un accès universel à une eau saine, c’est défendre la dignité humaine et la santé publique. Face à l’urgence, préserver l’eau potable, c’est choisir la vie, la solidarité et l’avenir.