Magazine d’Economie, Commercial, Marketing, Ecologie, Sport business
22 Octobre 2025
Au Maroc, l’entrepreneuriat connaît une dynamique remarquable portée par la jeunesse et soutenue par des politiques publiques favorisant la création d’entreprises. Des incubateurs, des fonds d’investissement et des structures d’accompagnement se développent dans plusieurs villes comme Casablanca, Rabat et Marrakech. Les secteurs les plus porteurs incluent le numérique, l’agriculture modernisée, le tourisme et les énergies renouvelables. Cette évolution contribue non seulement à l’innovation, mais aussi à la réduction du chômage, particulièrement chez les jeunes diplômés.
En 2023, le Maroc a vu naître 93 320 entreprises, selon l’OMPIC, dont plus de 80 % sont des très petites entreprises (TPE) disposant d’un capital inférieur à 9 000 € (100 000 dirhams). Pourtant, derrière cette vitalité apparente, les chiffres révèlent une réalité préoccupante : 60 % de ces structures ne dépassent pas leur troisième année d’activité, d’après la Banque mondiale. L’innovation reste marginale, avec seulement 10 % des entreprises considérées comme innovantes selon l’OCDE, tandis que l’ouverture à l’international demeure extrêmement limitée à peine 0,8 % des entreprises marocaines exportent, d’après le Ministère de l’Industrie. Ces données soulignent les défis structurels du tissu entrepreneurial national, entre précarité financière, faible résilience et manque de projection globale.
En 2024, le Maroc a enregistré 95 235 nouvelles entreprises inscrites au registre de commerce, soit une hausse de 1,5 % par rapport à 2023. Cette croissance est portée principalement par les personnes morales, qui représentent plus de 67 000 créations, en progression de 5 %. Les entreprises individuelles, quant à elles, totalisent 27 700 nouvelles immatriculations, confirmant leur rôle complémentaire dans le tissu entrepreneurial.
Parmi les sociétés créées, deux statuts juridiques se démarquent nettement : la SARL à associé unique, qui constitue 64,7 % des créations de personnes morales, et la SARL classique, avec 34,5 %. Cette prédominance reflète une préférence marquée pour des structures flexibles, adaptées aux petites et moyennes entreprises, tout en offrant une responsabilité limitée aux fondateurs.
L’analyse sectorielle révèle une forte concentration dans le commerce, qui représente 34,64 % des créations. Le BTP et l’immobilier suivent avec 19,23 %, puis les services divers à 18,65 %. Les secteurs du transport (8,03 %), de l’industrie (7,29 %), de l’hôtellerie-restauration (5,69 %) et des technologies de l’information (2,79 %) complètent le paysage, illustrant la diversité des domaines d’activité.
La région de Casablanca-Settat domine largement avec 21 263 nouvelles entreprises, suivie par Tanger-Tétouan-Al Hoceima (9 761), Rabat-Salé-Kénitra (7 912), Marrakech-Safi (7 843) et Fès-Meknès (4 652). À l’opposé, des régions comme Dakhla-Oued Ed-Dahab ou Guelmim-Oued Noun affichent des volumes plus modestes, soulignant les disparités territoriales dans la dynamique entrepreneuriale nationale.
Le Maroc affiche une dynamique entrepreneuriale encourageante, portée par une croissance soutenue des créations d’entreprises et une diversification sectorielle notable. Toutefois, cette avancée reste freinée par des obstacles structurels tels que l’accès limité au financement, une bureaucratie persistante et un besoin accru de formation entrepreneuriale. Si ces défis sont relevés avec cohérence et ambition, les réformes en cours pourraient transformer le paysage économique national. Le Maroc a ainsi toutes les cartes en main pour s’imposer comme un pôle régional d’innovation et d’entrepreneuriat en Afrique du Nord.
L’avenir de l’entrepreneuriat marocain dépendra de sa capacité à s’inscrire dans une logique de transformation structurelle. L’enjeu principal réside dans l’intégration de l’innovation, la montée en gamme des compétences et l’ouverture vers les marchés extérieurs. Pour renforcer sa compétitivité, le tissu entrepreneurial devra s’appuyer sur des mécanismes de financement adaptés, des écosystèmes sectoriels consolidés et une meilleure interconnexion avec les chaînes de valeur mondiales.