Le canal de Suez : un point stratégique 

Il s’agit d’un canal maritime qui relie la Méditerranée, au départ de Port-Saïd (à 190 km de la ville du Caire) à la ville de Suez, dans le golfe de Suez.

Cette idée de canal remonte déjà à la plus haute Antiquité puisque le pharaon Sethi aux environs de 1300 ans av. J.-C. avait pensé à un canal reliant le fleuve Nil à la mer Adriatique. Ce canal s’appelait le canal des pharaons.

Plus près de nous, en 1833, le canal redevint d’actualité et les travaux de construction commencèrent en 1854 pour se terminer en 1869 pendant le Second Empire.

Ce canal a été l’œuvre de Monsieur Ferdinand de Lesseps, diplomate français et entrepreneur, soutenu par Napoléon III. L’inauguration du canal avait donné lieu à une très grande manifestation internationale.

Actuellement le canal mesure 193 km de longueur, entre 280 et 345 mètres de large et une profondeur de 24 mètres autorisant un tirant d’eau maxi de 20 m avec des bateaux de 240 000 tpl (tonne de ports lourds). La navigation s’effectue obligatoirement par convois et le fait de traverser 3 lacs, dont le grand lac Amer (200 km²), permet une circulation dans les deux sens.

Trois ponts ont été construits sur le canal : un pont flottant de 424 m, un pont haubané de 3900 m qui enjambe le canal à 70 m de hauteur et un pont tournant de 640 m (le plus long du monde), ainsi qu’un tunnel routier de 5 km permettant aux Égyptiens de se rendre sur la presqu’ile du Sinaï.

À qui appartient ce canal de Suez ?

Jusqu’en 1956, il était placé sous protection militaire de la Grande-Bretagne afin de contrôler ses possessions au Proche-Orient, ainsi que la route des Indes. Le 29 juillet 1956, le nouveau Président égyptien Gamal Abdel Nasser nationalise le canal et met sous séquestres les biens de la compagnie universelle de Suez, d’où l’envoi d’un corps expéditionnaire composé de militaires anglais, français et israéliens.

À ce jour, le canal appartient totalement à l’Égypte et représente une manne financière importante de l’ordre de 10 % du PIB égyptien.

Le canal de Suez devient de plus en plus une route importante navigable entre la Méditerranée et la mer Rouge puisqu’il permet des liaisons maritimes plus rapides entre l’Asie, la Chine, le proche et Moyen-Orient avec l’Europe. Il s'agit d'une voie primordiale pour le transport du GNL (gaz naturel liquide) et le pétrole. 5200 pétroliers ont emprunté le canal en 2022. La durée de la traversée dure environ de 11 h à 16 h compte tenu des mouillages par suite des croisements des convois, la vitesse y est de 6 à 9 nœuds (un nœud marin = 1852 m).

En 2015, 17 500 navires transportant 1 milliard de tonnes de marchandises étaient passés par le canal, soit 8 % du commerce maritime mondial. En 2020, c’est 19 000 navires qui l’ont emprunté, à une moyenne de 52 navires par jour. Malheureusement et depuis quelques mois, le trafic diminue considérablement, moins 42 %, en raison des attaques lancées par les rebelles yéménites houthis soutenus par L’Iran contre les alliés d’Israël, et venir ainsi en aide aux Palestiniens.

Si le droit de passage pour le canal de Suez est assez onéreux, environ 400 000 à 700 000 dollars pour un gros navire ou un porte-conteneurs, il permet un gain de temps d’une dizaine de jours par rapport au contournement de l’Afrique. Ce droit de passage correspond au supplément de carburant occasionné pour le contournement par le cap de Bonne Espérance, au sud de l’Afrique.

Ce canal a permis aussi le développement des villes de Port-Saïd et Suez et la naissance de la ville d’Ismaïlia, siège de l’administration du canal. Ces trois villes comptent chacune 750 000 habitants.

Concernant l’avenir du canal, de grands objectifs sont en projet. En premier lieu, augmenter le revenu national égyptien avec des devises étrangères, réaliser le doublement du canal sur 72 km afin de réduire les temps d’attente des navires à 3 h et donc réduire la durée de la traversée etc....

N’oublions pas que plus de 1,5 million de personnes ont travaillé pour faire ce canal et que plusieurs milliers y ont laissé leur vie.