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3 Juillet 2025
L’émergence des start-ups en Afrique
Depuis quelques années, l’Afrique ne se contente plus de consommer, elle produit. Et pas qu’un peu. Certaines régions sont de vraies pépinières d’innovation : Le Cap ou Kigali, Lagos, Nairobi… des noms qui font désormais vibrer les boussoles des investisseurs. Grâce à un cocktail vitaminé d’ingéniosité locale, de besoins réels et d’accès aux nouvelles technologies, les Africains transforment les contraintes en business modèle. Le tout, avec un flair entrepreneurial qui ferait pâlir les plus grands incubateurs occidentaux. Bref, l’Afrique vend du rêve… et surtout, des solutions concrètes, made in chez elle, pour elle, et au-delà. Dans cette résolution, nous proposons en chiffres et détails, le tour des différentes start-ups émergentes aux quatre coins du continent, tout en évaluant parallèlement les régions à forte densité entrepreneuriale.
En 2023, l’Afrique s’est affirmée comme un acteur dynamique dans l’univers de l’innovation, avec une montée en puissance remarquable de ses start-ups à travers le continent. Toutefois, la répartition géographique de ces jeunes entreprises reste inégale, certaines régions étant nettement plus avancées que d’autres pour des raisons variées.
En procédant à une classification décroissante des zones du continent selon la densité d’implantation des start-ups, les résultats sont les suivants :
L’Afrique du Nord arrive en tête, concentrant 33,67 % des start-ups africaines.
Elle est suivie par l’Afrique de l’Est, avec 26,22 %.
En troisième position, l’Afrique australe regroupe 19,94 % de ces entreprises.
L’Afrique de l’Ouest arrive ensuite avec 17,89 %.
Enfin, l’Afrique centrale occupe la dernière place, ne concentrant que 1,92 % des start-ups du continent.
En ce qui concerne les financements, quatre pays se distinguent nettement : à eux seuls, ils totalisent 75 % des investissements reçus par l’ensemble des start-ups africaines en 2023.
Le Kenya arrive en première position avec environ 696millions d’euros de financements, représentant 28 % du total continental.
L’Égypte suit avec près de 587 millions d’euros.
Le Nigéria reçoit environ 500 millions d’euros.
Enfin, l’Afrique du Sud récolte près de 492millions d’euros.
Exemples de start-ups africaines prospères, accompagnés de chiffres récents illustrant leur impact et leur croissance :
Flutterwave (Nigéria) : l’une des fintechs, des licornes africaines les plus emblématiques. En 2021, elle a levé 218 millions d’euros lors d’un tour de série D, portant sa valorisation à plus de 2,6 milliards d’euros.
MNT-Halan (Égypte) : spécialisée dans les services financiers numériques, elle a levé 348 millions d’euros en 2023, ce qui a fortement contribué à la domination de l’Égypte dans les levées de fonds cette année-là.
Chipper Cash (Ouganda/Nigéria) : Plateforme de transfert d’argent transfrontalier, elle a levé 131 millions d’euros en 2021, atteignant une valorisation de 1,7 milliard d’euros.
TymeBank (Afrique du Sud) : Banque numérique sud-africaine, elle a levé 218 millions d’euros en 2024, consolidant sa place parmi les rares licornes du continent.
Sun King (Kenya) : Fournisseur de solutions solaires domestiques, il a levé 226 millions d’euros en 2022 pour étendre ses opérations à travers l’Afrique.
Nawy (Égypte) : Start-up proptech, elle a réalisé une levée de 65 millions d’euros en 2025, la plus importante jamais enregistrée dans le secteur immobilier tech africain.
Ces chiffres montrent que les start-ups africaines ne se contentent plus d’innover localement : elles attirent désormais des investissements internationaux massifs et s’imposent comme des acteurs majeurs dans leurs secteurs respectifs.
Afrique : Les start-ups africaines se distinguent par leur innovation frugale : elles conçoivent des solutions adaptées aux réalités locales (paiement mobile, accès à l’énergie, santé communautaire).
Europe et États-Unis : L’innovation est souvent plus technologique ou orientée vers des marchés de niche (IA, biotech, SaaS, etc.).
Afrique : L’écosystème est encore jeune, mais dynamique. Des hubs comme Nairobi, Lagos, Le Caire ou Le Cap émergent comme des pôles technologiques régionaux.
Amérique du Nord : La Silicon Valley, New York ou Austin offrent des infrastructures, des talents et des réseaux d’investisseurs très développés.
Europe : L’écosystème est plus fragmenté, mais des initiatives comme la French Tech ou le programme Horizon 2020 ont renforcé l’innovation.
Les start-ups africaines, bien qu’encore loin des niveaux de financement observés en Europe ou aux États-Unis, affichent une croissance remarquable. En 2022, elles ont levé environ 5,66 milliards d’euros, contre 1,22 milliard d’euros en 2020, leur plus faible performance sur la période récente. En 2023, les investissements ont chuté à 3,57 milliards d’euros, puis à 2,78 milliards d’euros en 2024. Toutefois, un regain d’intérêt s’est manifesté début 2025, avec environ 355 millions d’euros levés dès février, un record mensuel depuis 2021. Malgré ces fluctuations, les pays leaders en matière de financement sont restés constants.
L’écosystème des start-ups africaines est en pleine mutation et en phase de structuration. Les levés de fonds dans les différents pays en attestent. Ainsi les start-ups du Kenya ont levé 555 millions d’euros en 2024, pendant que sur la même période celles du Nigéria atteignaient 357 millions et 343 millions pour celles d’Afrique du Sud. En mettant ces montants en regard des fonds levés par leurs homologues américaines (300 milliards d’euros levés en 2022) ou européennes avec 87 milliards d’euros de levés en 2022 également.
Les start-ups africaines se distinguent par leur capacité à répondre à des besoins fondamentaux (énergie, santé, finance inclusive), là où leurs homologues occidentales misent davantage sur des technologies de pointe ou des marchés de niche.
Les investissements dans les start-ups africaines sont guidés par des logiques rigoureuses et sélectives. Les investisseurs, soucieux de minimiser les risques et de maximiser leurs rendements, orientent leurs capitaux vers des secteurs jugés porteurs et résilients. Cette approche prudente, mais stratégique reflète un intérêt croissant pour des domaines capables de générer un fort impact économique et social.
En 2023, le secteur de l’énergie s’est imposé comme le principal bénéficiaire, captant à lui seul 57,9 % des financements accordés aux start-ups sur le continent. En deuxième position arrive la fintech, avec 45 % des fonds, illustrant la confiance continue envers les solutions numériques de paiement et d’inclusion financière. Suit le secteur de la santé (6 %), l’agriculture (5,3 %) et enfin l’éducation, qui ne représente que 3 % des investissements cette même année.
La croissance des start-ups africaines est fortement entravée par un déficit en compétences numériques, cruciales pour leur développement. La majorité des pays africains obtiennent un score compris entre 1,8 et 5 sur l’indice de déficit de compétences numériques, bien en deçà de la moyenne mondiale évaluée à 6. Cette situation se traduit par des équipes techniques peu qualifiées, une expansion commerciale limitée et des opportunités d’innovation manquées. De plus, seulement 50 % des systèmes éducatifs africains intègrent l’informatique dans leurs programmes scolaires, contre 85 % dans le reste du monde. Ce retard compromet la capacité des jeunes entreprises à rivaliser sur le marché global et à créer de la valeur locale.
En réponse à cette carence, des initiatives ciblées commencent à faire la différence. Des plateformes comme GetBundi ambitionnent de former 10 millions d’Africains d’ici 2034, tandis que la Hustle Academy de Google a déjà formé plus de 1 000 entrepreneurs sur le continent. Ces programmes développent des compétences clés en marketing numérique, analyse de données, développement web et intelligence artificielle. En renforçant l’expertise technique locale, ces actions contribuent à structurer un écosystème plus robuste, capable de stimuler l’innovation, de générer des emplois et de propulser les start-ups africaines vers une compétitivité mondiale durable.
Pour pallier ce problème, il suffit de renforcer les mesures suivantes :
Renforcer les programmes de formation ciblée Des initiatives comme GetBundi (objectif : former 10 millions d’Africains d’ici 2034) et la Hustle Academy de Google (déjà plus de 1 000 entrepreneurs formés) montrent l’impact des formations en marketing digital, développement web, IA et analyse de données.
Intégrer les compétences numériques dans les systèmes éducatifs Actuellement, seuls 50 % des pays africains enseignent l’informatique à l’école, contre 85 % dans le monde. Une réforme des programmes scolaires est essentielle pour préparer les jeunes aux métiers du numérique dès le plus jeune âge.
Créer des partenariats public-privé La collaboration entre gouvernements, entreprises technologiques (comme Google ou Microsoft) et ONG permet de mutualiser les ressources, d’élargir l’accès à Internet et de financer des centres de formation dans les zones rurales.
Développer des incubateurs et hubs technologiques locaux Des écosystèmes comme ceux de Lagos, Nairobi ou Kigali offrent des espaces de coworking, du mentorat et un accès à des réseaux d’investisseurs. Ces structures accompagnent les start-ups dans leur montée en compétences et leur croissance durable.