Magazine traitant de l’Economie, du Commercial, du Marketing, du Commerce, de l'Ecologie, du Sport business. e-magazine marketing,
2 Juillet 2025
La production de céréales en Europe
Depuis des siècles, l’Europe via ses vastes plaines nourrit non seulement les populations du continent, mais aussi une bonne partie du reste du monde. Blé, orge, maïs ou seigle : les céréales occupent une place centrale dans l’agriculture européenne, tant par leur rôle économique que par leur importance dans la sécurité alimentaire. Pourtant, à l’heure du changement climatique, des tensions géopolitiques et des exigences environnementales croissantes, la production céréalière européenne se trouve à la croisée des chemins. Entre tradition et innovation, quelles dynamiques façonnent aujourd’hui ce pilier de l’agriculture européenne ?
Sur la période de cinq ans entre 2021 et 2025, la production céréalière dans l’Union européenne à 27 (UE-27) a montré des variations significatives selon les cultures. Durant ces quatre années, les récoltes de céréales dans l’UE ont baissé de près de 13 millions de tonnes passant de 292,8 à 279,6 millions de tonnes.
Le blé tendre, pilier incontournable de la production céréalière européenne, affiche une légère contraction sur la période 2021–2025, passant de 129 millions de tonnes à environ 126,6 millions.
Blé dur : Moins présent, mais néanmoins important, il connaît une légère régression de 8 079 kilotonnes en 2021 à 7 986 kilotonnes en 2025, avec une chute marquée en 2024 (7 213 kilotonnes). La moyenne s’établit à 7 407 kilotonnes.
Maïs : Très variable, sa production chute brutalement en 2022 avec 53 116 kilotonnes, mais remonte progressivement jusqu’à 63 782 kilotonnes en 2025. Cela indique une reprise après des années difficiles. La moyenne quinquennale atteint 62 747 kt.
Orge : Cette culture reste relativement stable, oscillant entre 47 047 kilotonnes en 2023 et 52 334 kilotonnes en 2025, avec une moyenne solide de 50 665 kilotonnes. Cela montre une résilience face aux variations climatiques et économiques.
Le triticale, hybride issu du blé et du seigle, a connu une baisse modérée de sa production, passant d’environ 11,4 millions de tonnes en 2021 à 10,8 millions de tonnes en 2025. Malgré cette diminution, son niveau reste proche de la moyenne quinquennale estimée à 11,1 millions de tonnes, ce qui témoigne d’une relative stabilité dans le temps de cette culture, moins sensible aux fluctuations que d’autres céréales majeures.
Avoine : Avec une production de 7 399 kilotonnes en 2021, elle recule en 2023 (5 831 kilotonnes) pour remonter à 7 464 kilotonnes en 2025. La moyenne reste équilibrée à 7 478 kilotonnes.
Seigle : Le seigle décline légèrement, de 7 773 kilotonnes en 2021 à 7 172 kilotonnes en 2025, en passant par un creux en 2024 (6 924 kilotonnes). Sa moyenne se maintient à 7 481 kilotonnes.
Sorgho : Cette céréale secondaire, mais prometteuse varie fortement : après un minimum de 504 kilotonnes en 2022, elle atteint 989 kilotonnes en 2024, puis diminue légèrement à 779 kilotonnes. Sa moyenne récente est de 846 kilotonnes.
Autres céréales : Cette catégorie connaît une baisse nette, passant de 3 655 kilotonnes en 2021 à 2 705 kilotonnes en 2025, avec une moyenne quinquennale de 2 770 kilotonnes, indiquant une contraction continue.
En 2025, les expéditions en termes d’exportations, céréalières de l’Union européenne ont reculé à environ 30,5 millions de tonnes, enregistrant une chute marquée de 31 % comparée aux 44,1 millions de tonnes exportées en 2024. Ce repli concerne particulièrement plusieurs grandes cultures, dont le blé, l’orge et le maïs, mettant en évidence un ralentissement généralisé des flux commerciaux sortants.
Blé commun : 19,76 Mt exportées, soit -34 % par rapport à 2024 (30,77 Mt).
Farine de blé commun (équivalent grain) : 474 milles tonnes, stable par rapport à 2024.
En 2025, la filière du blé dur a vu sa production tomber à 570,9 kilotonnes, soit une diminution marquée de 27 % par rapport aux 677,9 kilotonnes récoltées en 2024.
Semoule de blé dur (équiv. grain) : 236,8 kt, en hausse de +19 % sur l’année précédente.
Total blé (toutes catégories confondues) : 21,04 Mt, soit -33 %.
Orge : 4,23 Mt exportées, en baisse de 25 % (contre 6,35 Mt en 2024).
Maïs : 2,27 Mt, chute de 41 % (vs 3,48 Mt).
Riz : 78 kt, en fort recul de 59 %.
Avoine : 72,6 kt, -35 %.
Sorgho : 12,4 kt, en hausse spectaculaire de 108 %.
Totales céréales secondaires (maïs, orge, etc.) : 9,46 Mt, soit une baisse de 26 %.
En 2025, les importations de céréales dans l’Union européenne se sont établies à environ 29,8 millions de tonnes, affichant une contraction modérée de 6 % en comparaison avec les volumes de l’année précédente (31,75 Mt). Blé commun : 7,27 Mt, en baisse de 20 % (vs 8,76 Mt).
Farine de blé commun : légère hausse de +3 % (292 kt à 291,5 kt).
Blé dur : 1,95 Mt importées, en recul de 19 %.
Semoule de blé dur : +16 % (3 832 t).
Total blé (toutes formes) : 9,51 Mt, recul de 19 % par rapport à 2024.
Orge : 1,14 Mt, baisse notable de 35 %.
Malt (équivalent grain) : 33,7 kt, faible baisse de 4 %.
Maïs : 19,02 Mt, en hausse de 7 %, atteignant l’un des niveaux les plus élevés.
Riz : 7,8 kt, chute sévère de 96 %.
Avoine : 62,7 kt, baisse de 40 %.
Sorgho : 18,4 kt, en forte hausse de 53 %.
Totales céréales secondaires : 20,28 Mt, hausse modérée de 2 %.
L’UE reste structurellement exportatrice de blé (21 Mt), mais importatrice nette de maïs (19 Mt).
En 2025, la production céréalière au sein de l’UE est dominée par cinq pays clés : la France, l’Allemagne, la Pologne, la Roumanie et l’Espagne. Ensemble, ils concentrent près de 70 % de la production européenne totale. La France occupe la première place avec environ 64 millions de tonnes, grâce à la prédominance du blé tendre, du maïs et de l’orge. L’Allemagne, avec 42,5 Mt, se spécialise dans le blé, l’orge et le seigle. La Pologne produit 35,2 Mt, incluant du triticale en plus de ses cultures traditionnelles. La Roumanie et l’Espagne ferment le classement avec respectivement 20,8 Mt et 19 Mt, présentant des profils agricoles plus orientés vers le maïs et l’orge. Si la France et la Roumanie se démarquent par leur capacité exportatrice, l’Allemagne et la Pologne équilibrent leurs volumes entre usage domestique et exportation.
Hors de l’Union européenne, la Russie et l’Ukraine dominent la scène céréalière du continent. En 2025, la Russie confirme son poids dominant sur le marché céréalier mondial en atteignant une production de 121 millions de tonnes, dont près des deux tiers sont constitués de blé (83 Mt). Grâce à un réseau logistique structuré, elle exporte environ 58,8 Mt, consolidant ainsi son statut de premier fournisseur mondial. Ces deux pays surpassent ainsi la majorité des États membres de l’UE, tant en volume qu’en influence commerciale. Malgré les contraintes géopolitiques, l’Ukraine reste un fournisseur stratégique pour l’Europe, tandis que la Russie oriente ses flux vers des marchés clés en Afrique et au Moyen-Orient. Ils demeurent des acteurs clés dans la stabilité et la fluidité du commerce mondial des céréales.
En 2024, environ 7,5 millions d’hectares sont consacrés à la culture des céréales, représentant près de la moitié des terres cultivables du pays. Ce secteur représente un pilier économique majeur, avec un chiffre d’affaires avoisinant les 57 milliards d’euros et environ 450 000 emplois directs. En moyenne, 30 millions de tonnes de céréales sont exportées chaque année, ce qui représente près de 46 % de la production nationale. En 2024, les volumes exportés par la France ont diminué pour s’établir à 14,6 millions de tonnes, une contraction notable tirée par la baisse du blé tendre, réduit à 3,5 Mt, et de l’orge, tombée à 2,1 Mt.
malgré une baisse des volumes exportés en 2024, les céréales françaises ont généré plus de 7,8 milliards d’euros de recettes à l’international, confirmant leur rôle stratégique dans le commerce agroalimentaire. Sur le plan national, le marché reste robuste, avec une valeur estimée à 18 milliards d’euros, soutenue par la diversité des usages : alimentation humaine et animale, production de biocarburants, industries de l’amidonnerie et de la malterie.
À l’échelle mondiale, la France reste loin derrière les géants que sont la Chine, les États-Unis et l’Inde. La Chine domine la scène mondiale avec plus de 600 millions de tonnes, suivie par les États-Unis avec environ 430 Mt, largement soutenus par leur culture intensive de maïs. L’Union européenne, dans son ensemble, totalise environ 280 Mt, incluant la production française. L’Inde, le Brésil et la Russie complètent le tableau avec des productions oscillant entre 120 et 300 Mt selon les cultures dominantes. Dans ce contexte, la France demeure un poids moyen en volume, mais de premier plan en qualité, en autosuffisance et en capacité d’exportation.
Les dérèglements climatiques, orage de grêle, forte pluie, etc. nuisent considérablement aux cultures et à leur rendement. Il en est de même pour les périodes de stress hydrique de plus en plus fréquentes. Le blé et le maïs sont les premières touchées.
Pour proposer une solution : investir davantage dans des variétés de céréales résistantes à la chaleur et à la sécheresse, tout en renforçant les pratiques d’agriculture de conservation pour mieux préserver l’humidité des sols.
Fluctuation des prix sur les marchés mondiaux La volatilité des prix du blé ou du maïs peut fragiliser les revenus des producteurs. Comme solution, il s’agit de mettre en place des mécanismes de couverture et de contractualisation à long terme pour sécuriser les revenus et lisser les effets des variations de marché.
Pression environnementale et exigences réglementaires Les contraintes liées à la réduction des intrants (engrais, phytosanitaires) augmentent, avec des attentes environnementales élevées. La solution ici consiste à accélérer la transition agroécologique à travers des aides ciblées pour l’agriculture bio, la rotation culturale et l’agriculture de précision.
Vieillissement de la population agricole et manque de relève De nombreux exploitants approchent de la retraite, sans succession assurée. Pour une solution : Encourager l’installation de jeunes agriculteurs avec un soutien financier à l’installation, des formations techniques et des facilités d’accès au foncier.
En 2025, le marché des céréales en Europe se distingue par une vigueur économique notable. La valeur brute de production atteint environ 143,5 milliards d’euros, illustrant l’importance stratégique du secteur agricole dans l’économie du continent. Avec des exportations avoisinant 54,3 milliards d’euros, l’Union européenne confirme sa position de puissance commerciale majeure sur le plan céréalier. Parallèlement, les importations s’élèvent à 36,7 milliards d’euros, traduisant la complémentarité des échanges dans un marché mondialisé. Ces flux économiques soulignent le rôle central des céréales dans l’alimentation, l’industrie et le commerce, tout en révélant les enjeux de compétitivité et de résilience face aux défis futurs.
L’utilisation des céréales en 2025 au sein de l’Union européenne témoigne d’un équilibre structuré entre besoins internes et échanges extérieurs. La consommation intérieure s’élève à environ 257 millions de tonnes, dont 156,9 Mt sont destinées à l’alimentation animale, soulignant l’importance du secteur de l’élevage dans la demande céréalière. Près de 59,4 Mt sont utilisées pour la consommation humaine, notamment sous forme de pain, pâtes, semoules, mais aussi dans des produits transformés. Le reste de l’utilisation concerne les usages industriels, les semences et les pertes. Sur le plan commercial, les exportations vers les pays tiers s’établissent à 36,6 Mt, marquant un recul par rapport à 2024, possiblement lié à la baisse de production ou aux dynamiques concurrentielles sur le marché international. Enfin, les stocks de fins de campagne atteignent 37 Mt, en légère diminution, reflétant un ajustement des niveaux de sécurité face à une offre moins abondante. Cette répartition des usages montre un système intégré et résilient, dans lequel chaque tonne produite trouve une affectation précise, entre besoins domestiques, ambitions commerciales et stratégie de stockage.
Face aux défis climatiques, aux marchés nerveux et aux engrais qui coûtent plus cher qu’un dîner étoilé à Paris, le secteur céréalier européen avance sur un fil… mais avec agilité. Produire, nourrir, exporter, stocker : chaque grain compte dans une équation complexe mêlant science, économie et stratégie géopolitique. Derrière chaque silo rempli se cache une multitude d’enjeux : durabilité, autonomie alimentaire, innovation. Et si le véritable défi n’était pas de cultiver plus, mais de cultiver mieux. Après tout, réfléchir à l’avenir des céréales, c’est aussi semer des idées pour que demain ne manque jamais de pain… ni d’intelligence. Et si les céréales devenaient les superaliments du futur ? Comment pourrions-nous les transformer pour répondre aux besoins d’une humanité plus nombreuse, plus exigeante, et plus consciente ?