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4 Novembre 2025
L’évolution du prix du cuivre dans le monde
Le cuivre, métal rouge aux propriétés exceptionnelles de conductivité électrique et thermique, occupe une place centrale dans l’économie mondiale. Utilisé dans l’industrie électrique, la construction, l’automobile, les énergies renouvelables et l’électronique, il est considéré comme un baromètre de la santé économique globale. L’évolution de son prix reflète les dynamiques de l’offre et de la demande, les innovations technologiques, les politiques économiques et les tensions géopolitiques.
Cet article propose une analyse approfondie de l’évolution du prix du cuivre à l’échelle mondiale.
Depuis le XXe siècle, le prix du cuivre a connu de fortes fluctuations. Stable jusqu’aux années 1970, il devient volatil avec la mondialisation et la financiarisation. Les chocs pétroliers et l’inflation des années 1970-1980 provoquent une hausse suivie de corrections. Dans les années 1990, l’ouverture de la Chine stimule la demande, mais l’offre abondante maintient les prix bas.
L’industrialisation chinoise dans les années 2000 fait bondir les prix, passant de 1 500 $/tonne en 2003 à plus de 8 000 $ en 2008. Après la crise de 2008, les prix chutent puis remontent. Les années 2010 voient des variations entre 6 000 et 7 000 $. De 2020 à 2023, la pandémie provoque une chute suivie d’un record à plus de 10 700 $/tonne en mars 2022.
Entre 2018 et 2020, le prix moyen du produit par tonne a oscillé autour de 6 000 dollars. En 2018, il atteignait 6 530 dollars, avant de baisser à 6 000 dollars en 2019. Une légère remontée s’est observée en 2020 avec un prix moyen de 6 174 dollars, marquant une stabilité relative sur cette période.
À partir de 2021, une hausse significative s’est produite, avec un pic à 9 322 dollars la tonne. Ce niveau élevé a ensuite légèrement diminué, passant à 8 800 dollars en 2022, puis à une estimation de 8 500 dollars en 2023. Malgré cette baisse, les prix restent nettement supérieurs à ceux observés avant 2021.
En 2022, la production mondiale de cuivre raffiné a atteint environ 26 millions de tonnes, témoignant de l’importance stratégique de ce métal dans l’économie mondiale. Le Chili s’est imposé comme le leader incontesté avec une production de 5,2 millions de tonnes, représentant à lui seul 20 % du marché mondial. Il est suivi par le Pérou (2,4 millions de tonnes, soit 9 %) et la République Démocratique du Congo (2,2 millions de tonnes, 8 %), qui confirment leur rôle croissant dans l’approvisionnement mondial. La Chine, bien que davantage reconnue pour sa consommation que pour sa production, a tout de même contribué à hauteur de 1,9 million de tonnes, soit 7 % du total.
D’autres pays comme les États-Unis (1,2 million de tonnes), l’Australie (0,9 million), la Russie et la Zambie (0,8 million chacun) ont également participé de manière significative, chacun représentant environ 3 à 5 % du marché. Toutefois, la catégorie « Autres », qui regroupe l’ensemble des producteurs secondaires, totalise 10,6 millions de tonnes, soit 42 % de la production mondiale. Cette répartition souligne la diversité des sources d’approvisionnement et l’importance des acteurs émergents dans le secteur du cuivre raffiné.
Le Chili domine largement la production mondiale, suivi par le Pérou et la Chine. L’Afrique, avec la RDC et la Zambie, joue un rôle croissant.
La demande mondiale de cuivre raffiné est principalement stimulée par l’Asie, avec la Chine en tête, qui consomme à elle seule plus de 50 % de la production mondiale. Cette forte consommation s’explique par le dynamisme de plusieurs secteurs clés : la construction, qui utilise le cuivre pour le câblage électrique et la plomberie ; l’électricité et l’électronique, où il entre dans la fabrication de fils conducteurs et de circuits imprimés ; le transport, notamment dans les véhicules, les trains et les avions ; et enfin les énergies renouvelables, comme l’éolien, le solaire et les batteries, qui nécessitent des quantités croissantes de cuivre pour assurer leur performance et leur développement.
Les stocks de cuivre détenus dans les entrepôts du LME et du Shanghai Futures Exchange influencent fortement les prix. Une baisse des stocks signale une tension sur l’offre, poussant les prix à la hausse. La spéculation sur les marchés à terme accentue la volatilité.
Le coût moyen de production du cuivre varie selon les pays et les mines, oscillant entre 4 000 et 6 000 $/tonne. Les mines à ciel ouvert sont généralement moins coûteuses que les mines souterraines. L’augmentation des coûts énergétiques, des salaires et des normes environnementales pèse sur la rentabilité.
L’électrification des transports, le développement des énergies renouvelables et la transition énergétique mondiale stimulent la demande de cuivre. Les nouvelles technologies d’extraction et de recyclage pourraient influencer l’offre future.
Le cuivre constitue une ressource économique majeure pour plusieurs pays producteurs, en représentant une part importante de leurs recettes d’exportation. En 2022, le Chili a généré 53 milliards de dollars grâce à ses exportations de cuivre, soit près de la moitié (48 %) de ses exportations totales. Le Pérou, autre acteur clé du marché, a enregistré 21 milliards de dollars, ce qui représente 28 % de ses exportations. Ces chiffres illustrent le rôle central du cuivre dans les économies sud-américaines, où il contribue significativement à la balance commerciale et au financement des politiques publiques.
En Afrique, la République Démocratique du Congo et la Zambie dépendent encore plus fortement de cette ressource. La RDC a tiré 12 milliards de dollars de ses exportations de cuivre, représentant 35 % de ses exportations totales. La Zambie, quant à elle, affiche une dépendance particulièrement marquée, avec 7 milliards de dollars issus du cuivre, soit 70 % de ses exportations. Cette forte concentration souligne la vulnérabilité de ces économies aux fluctuations du marché mondial du cuivre, tout en mettant en évidence leur rôle stratégique dans l’approvisionnement global.
Au Chili, le cuivre constitue près de la moitié des exportations totales, ce qui rend l’économie très dépendante de ses fluctuations de prix.
En 2022, les grandes compagnies minières ont consacré des budgets d’investissement considérables à l’exploration, l’extraction et la transformation du cuivre, reflétant l’importance stratégique croissante de ce métal dans l’économie mondiale. Codelco, entreprise publique chilienne et premier producteur mondial de cuivre, a alloué 3,5 milliards de dollars à ses projets, confirmant son rôle central dans le secteur. Freeport-McMoRan, basée aux États-Unis, a investi 2,8 milliards de dollars, tandis que Glencore, géant suisse des matières premières, a mobilisé 2,1 milliards.
D’autres acteurs majeurs ont également renforcé leurs capacités : BHP, entreprise australienne, a consacré 1,9 milliard de dollars à ses opérations liées au cuivre, et First Quantum Minerals, société canadienne, a investi 1,2 milliard. Ces montants témoignent d’une volonté commune d’augmenter la production pour répondre à une demande mondiale en forte croissance, notamment dans les domaines de la transition énergétique, des infrastructures et des technologies vertes.
Ces investissements visent à moderniser les infrastructures, augmenter la capacité de production et réduire l’empreinte environnementale.
Les recettes fiscales issues du cuivre (redevances, impôts sur les sociétés, taxes à l’exportation) constituent une ressource majeure pour les États producteurs. Au Chili, la fiscalité minière a rapporté plus de 8 milliards de dollars en 2022, finançant l’éducation, la santé et les infrastructures.
Le Chili et le Pérou concentrent près de 30 % de la production mondiale. Les politiques minières, la stabilité institutionnelle et les investissements étrangers sont déterminants pour la croissance du secteur.
La RDC et la Zambie connaissent une croissance rapide de leur production, grâce à l’exploitation de gisements de haute teneur et à l’arrivée de capitaux chinois. Les enjeux de gouvernance, de transparence et de développement local restent cruciaux.
La Chine est à la fois le premier consommateur, raffineur et importateur de cuivre. Sa politique industrielle, ses investissements en Afrique et en Amérique latine, et sa stratégie de sécurisation des approvisionnements influencent fortement le marché mondial.
Les sanctions contre la Russie, les conflits sociaux dans les mines sud-américaines, les restrictions à l’exportation et les guerres commerciales peuvent perturber l’offre et faire flamber les prix.
D’après les prévisions de la Banque mondiale et du FMI, le prix du cuivre devrait se maintenir à un niveau élevé au cours des prochaines années, porté par la transition énergétique mondiale et l’expansion des infrastructures dans les pays émergents. En effet, le prix moyen estimé s’élève à 8 700 dollars la tonne en 2024, puis à 9 000 dollars en 2025, avant d’atteindre 9 200 dollars en 2026, traduisant une tendance haussière soutenue par une demande structurelle croissante.
Transition énergétique : Les véhicules électriques, les réseaux intelligents et les énergies renouvelables nécessitent d’importantes quantités de cuivre.
Urbanisation : La croissance des villes, notamment en Asie et en Afrique, stimule la demande en câblage et en infrastructures.
Numérisation : L’essor de l’Internet des objets, des data centers et des technologies de communication accroît les besoins en cuivre.
L’exploitation de nouveaux gisements pourrait accroître l’offre mondiale de cuivre et contribuer à stabiliser les prix. Parallèlement, le développement du recyclage du cuivre permettrait de réduire la dépendance à l’extraction primaire et de limiter l’impact environnemental. Enfin, les avancées technologiques pourraient favoriser une substitution partielle du cuivre par des matériaux alternatifs comme l’aluminium ou les composites.
Le Chili, premier producteur mondial, tire près de la moitié de ses recettes d’exportation du cuivre. Les fluctuations de prix ont un impact direct sur le budget de l’État, la balance commerciale et la stabilité macroéconomique. Pour réduire sa dépendance, le pays investit dans la diversification industrielle et la montée en gamme de la chaîne de valeur (raffinage, produits semi-finis).
La RDC a vu sa production de cuivre tripler en dix ans, grâce à l’arrivée de grands groupes miniers et à la demande chinoise. Les recettes minières financent une partie du budget national, mais les défis restent nombreux : corruption, conflits, faiblesse des infrastructures et impact environnemental.
La Chine, premier consommateur mondial, investit massivement dans les mines à l’étranger (Afrique, Amérique latine) pour sécuriser ses approvisionnements. Elle développe également ses capacités de recyclage et de raffinage, afin de réduire sa dépendance aux importations de cuivre brut.
Le cuivre est indispensable à la transition énergétique : il entre dans la fabrication des éoliennes, des panneaux solaires, des batteries et des véhicules électriques. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande de cuivre liée à la transition énergétique pourrait augmenter de 40 % d’ici 2040.
L’extraction du cuivre a un impact environnemental significatif : consommation d’eau, émissions de CO2, pollution des sols. Les entreprises minières investissent dans des technologies plus propres (traitement des effluents, réduction de la consommation énergétique) et dans la réhabilitation des sites.
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Le recyclage du cuivre permet de réduire la pression sur les ressources naturelles et de limiter l’empreinte carbone. Aujourd’hui, environ 30 % du cuivre consommé dans le monde provient du recyclage. Ce taux devrait augmenter avec le développement de l’économie circulaire.
L’évolution du prix du cuivre dans le monde est le reflet des transformations économiques, technologiques et géopolitiques de notre époque. Métal stratégique, il est au cœur des enjeux de la transition énergétique, de l’urbanisation et de la numérisation. Les perspectives de prix restent orientées à la hausse, sous l’effet d’une demande soutenue et de contraintes sur l’offre. Les pays producteurs, les entreprises minières et les investisseurs doivent s’adapter à un environnement volatil, en misant sur l’innovation, la diversification et la durabilité.