30 Mars 2024
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Tel un citoyen du monde, le blé prospère sur tous les continents, des vastes plaines d’Amérique aux steppes russes, des champs asiatiques au creux des vallées européennes. De sa couleur dorée, le blé tisse un fil qui nourrit nations et peuples depuis des lustres et devient un symbole de la force silencieuse qui nourrit l’humanité.
Le blé qui signifie étymologiquement « produit de la terre » désigne plusieurs céréales du genre « Triticum » parmi lesquelles la plus récoltée est le blé tendre. La consommation de blé remonte à très loin dans l’Antiquité et pourtant ne perd pas sa valeur même à l’époque contemporaine. Plus de 50 % de la récolte mondiale de blé est destinée à la consommation humaine sous forme de pain, biscuits et autres produits à base de farine, et 34 % environ à l’alimentation animale ainsi que 8 % aux usages industriels dont notamment l’amidonnerie et la glutennerie. La culture du blé s’étend sur plus de terres que toute autre culture vivrière au monde avec près de 220 millions d’hectares ces dernières années.
Le blé est la deuxième céréale au monde en termes de quantités produites, mais est la première en termes de quantités échangées. Des bassins méditerranéens en passant par la Chine, l’Inde, l’Europe et l’Amérique du Nord, il s’étend de plus en plus hors de ces régions, sous l’effet de la mondialisation et des stratégies adoptées par les pays producteurs. Des États non producteurs sont totalement dépendants des marchés internationaux pour avoir un approvisionnement pour leur population. Le blé est devenu au fil des ans une ressource centrale pour la sécurité alimentaire de nombreuses populations dans le monde.
La production mondiale de blé varie d’une année à l’autre. Entre 2023 et 2024, la production mondiale de blé a atteint plus de 785 millions de tonnes. Une production plus élevée que les années précédentes et en permanente croissance d’après les estimations de la FAO (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture).
Le classement mondial des principaux producteurs de blé a légèrement changé depuis l’agression de l’Ukraine par la Russie, il se situe donc ainsi la Chine, l’Inde, la Russie, les États-Unis et la France. La République populaire de Chine est le plus grand producteur de blé au monde atteignant un total de plus de 134,7 millions de tonnes de production entre 2022 et 2023, soit 3 millions de tonnes de blé de plus que l’Union-Européenne qui la seconde. Ensuite, l’Inde la succède avec environ 110 millions de tonnes. Puis, s’ensuit la Russie avec une production estimée à 78 millions de tonnes de blé.
La culture et la productivité du blé à l’échelle mondiale sont fonction de nombreux facteurs tels que les pratiques agricoles, les conditions météorologiques et la demande.
D’ici à 2050, le secteur agricole devra sans doute relever l’énorme défi de nourrir une population mondiale qui serait passée de 7,5 milliards de personnes aujourd’hui à près de 10 milliards, tout en réduisant l’empreinte écologique pour les générations futures.
Les pratiques agricoles du blé doivent être adaptées aux conditions environnementales et climatiques locales pour pouvoir obtenir un rendement élevé tout en préservant l’exploitation agricole. Les variations météorologiques, les sécheresses, les inondations et les températures extrêmes peuvent affecter la croissance du blé posant ainsi la difficulté de maintenir des rendements stables. Par ailleurs, des défis d’ordre biologique comme les maladies et les destructeurs, ou d’ordre commercial et géopolitique ainsi que l’évolution des préférences alimentaires peuvent aussi constituer des challenges importants pour la production mondiale de blé.
L’innovation technologique est sans doute le contre parfait pour résoudre ou anticiper les problèmes liés à cette culture à l’échelle mondiale.
Les avancées technologiques permettent aujourd’hui d’identifier plus facilement les variétés de blé les plus adaptées aux conditions locales, des variétés résistantes aux maladies, à haut rendement et de qualité supérieure pour maximiser la production. Aussi, des systèmes de fertilisation de précision permettent d’appliquer les engrais au bon moment et en quantités optimales. Les capteurs et les systèmes d’irrigation automatisés aident à gérer efficacement l’eau. Par ailleurs, la surveillance par satellite, les drones et les applications mobiles permettent de détecter rapidement les maladies et les ravageurs et ainsi minimiser les pertes.
L’intégration de la technologie dans les pratiques agricoles du blé permet d’optimiser la production tout en répondant aux exigences de la qualité et de la durabilité.
Cette céréale qu’on surnomme « le pain de la terre » en raison de son rôle central dans la production de farine qui permet la fabrication de pain dans de nombreuses cultures à travers le monde, demeure bien plus qu’une simple culture agricole. Il incarne un lien essentiel qui unit les peuples à travers le globe. La demande de blé est en constante augmentation et d’autant plus grâce à l’industrialisation du secteur agricole, à la généralisation des aliments transformés ainsi qu’à l’occidentalisation du régime alimentaire, particulièrement en Afrique subsaharienne.
Cependant, quelles surprises nous réserve l’avenir pour la culture du blé, et comment ces évolutions pourraient elles transformer notre relation avec cette culture millénaire ?