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14 Décembre 2023
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Si le Portugal est connu pour ses façades colorées, pour ses cultures agricoles, pour le football, pour se positionner comme le premier producteur de liège au monde (voir l’article ici), il l’est tout autant, voir plus pour « les Portos » ou vin de Porto.
Découvrons ce breuvage délicieux, apprécié par bon nombre qui a fait la richesse financière et économique de toute une région, à travers son origine, sa conception et sa production.
La dénomination « vin de porto » date de la fin du XVIIe siècle, même si la région de la vallée du Douro produisait déjà du vin depuis l’antiquité.
Colbert, Premier ministre du Roi Louis XIV, fixe alors un embargo contre le roi d’Angleterre. Cela a rapidement pour effet de priver le peuple de la couronne britannique d’un vin dont ils raffolent de la région bordelaise le « Clairet ».
Les Britanniques se tournent alors vers les vins portugais, d’une qualité et d’un goût proche de leur vin habituel du Bordelais. Les Anglais signent alors avec les Portugais un accord portant sur la coopération économique, diplomatique, mais aussi militaire. Il s’agit du traité de Methuen (du nom de l’ambassadeur d’Angleterre au Portugal) qui fut signé le 27 décembre 1703 à Lisbonne.
Le principal attrait commercial de ce traité était qu’il permettait aux Anglais d’installer de nombreux comptoirs commerciaux au Portugal et de leur permettant d’exporter leur laine tout en important le Porto, avec des taxes moins élevées.
Le souci principal à l’époque réside dans le fait que ce breuvage supporte assez mal le long voyage en bateau jusqu’en Angleterre.
Pour pallier au souci du transport, que le vin de Porto ne supportât pas le transport et les changements climatiques en cours de route, de l’alcool était ajouté aux barriques, mais cela ne s’avérait pas suffisant. Un commerçant britannique tenta d’augmenter le degré d’alcool de l’eau-de-vie ajouté au vin. C’est ainsi qu’est né le vin de Porto que nous connaissons encore actuellement.
Le « Porto » est donc un vin particulier puisqu’une fois les raisins vendangés puis versés dans les « lagares » (grands bacs en granits) pour y être piétinés, le processus de fermentation est stoppé au bout du quatrième jour au maximum pour procéder à l’ajout d’eau-de-vie vinicole tirant à 77 % de taux d’alcool. La répartition est précise, un cinquième (1/5 ème) d’eau-de-vie vinicole et 4/5 ème de vin. Grâce à cet ajout d’eau-de-vie, la fermentation stoppe et les levures sont éliminées ce qui confère ce goût typique du Porto. Le degré d’alcool passe alors à 20 % de taux d’alcool qui reste la norme pour tous les « Portos ».
Contrairement à ce que laissent croire les photos de la ville de Porto ou de Nova de Gaia situées de part et d’autre du fleuve Douro, les vignes vues sur ces photos ne sont pas à l’origine du vin de Porto. Ces vignes produisent le Vino Verde (vin vert). La zone géographique où est produit le Porto se trouve à 80 kilomètres à l’Est de la ville de Porto, avec de très nombreuses vignes qui couvrent les coteaux et descendent jusqu’au fleuve Douro.
Pour la réalisation du Porto il existe de nombreux cépages, environ une trentaine qui sont des cépages locaux : il s’agit principalement des cépages touriga nacional, le touriga francesa, le tinta barroca, le tinta roriz, le tinta amarela, le tinto cão.
Nous trouvons :
Le Porto Tawny :
Il s’agit de vins de Porto assemblés à partir de cuves qui ont vieilli entre 5 à 7 ans. C’est surtout le caramel qui ressort le plus en goût marqué.
Le Porto Tawny Reserve :
Ce Porto reste en fût de chêne au minimum 6 ans. Les aromes de fruits sont plus estompés, les fruits secs ressortent plus.
Le Porto Tawny avec indication d’âge (10, 20, 30, 40 ans ou davantage) :
Ces Portos sont plus concentrés et plus complexes en bouche. L’âge qui est donné correspond à la moyenne des âges des Portos qui ont été utilisés pour l’assemblage après avoir atteint leur maturation en fûts de chêne. On retrouve dans ces Portos des goûts de café chocolat, mais aussi de noix avec une amertume d’agrume orangée.
Le Porto Tawny Récolte :
Il s’agit d’un Porto issu d’une année dont la récolte correspond à une année exceptionnelle. Il restera au minimum 7 ans en fût de chêne. Sur l’étiquette figure le millésime ainsi que la date d’embouteillage.
Le Vin de Porto Ruby :
Sa maturation n’excède pas 3 ans en tonneau avant sa mise en bouteille. Ce vin est fruité et doux.
Le Porto Ruby réserve :
Arômes fruités plus relevés et complexité du breuvage sont créés par cinq années dans les tonneaux en chêne.
Le Porto L.B.V signifiant Late Bottle Vintage (embouteillage tardif du millésime)
Plus concentré que les Porto Ruby, ce vin issu d’un seul grand millésime (pas d’assemblage d’année) vieillit entre 4 et 6 ans en fût avant sa mise en bouteille. Ce vin est particulièrement doux contenant des arômes de fruits rouges et noirs.
Le Porto Vintage :
Il s’agit d’un vin de longue garde qui est conservé entre 15 années et plus d’un siècle après l’accord de l’institut du Vin de Porto pour l’élire dans les vins de Porto vintage. Au départ il est élevé 2 ans en fût de chêne puis embouteillé sans filtration. Il est conservé ainsi puis soumis à l’institut pour dégustation et élection ou non de ce millésime.
Il dégage beaucoup de fruit noir et fruits des bois.
Le Porto blanc :
Selon leur élaboration et leur ajout en sucre, ils peuvent différer les uns des autres. Ils sont également différents en vieillissement et en gout sucré.
Le Porto Rosé :
Ce vin de Porto réside dans le fait que le mou du raisin est retiré très tôt du jus au moment de la presse pour qu’il n’y ait pas de maturation avec le mou pour coloré le jus, il n’existe alors aucune oxydation.
Il est évident que la viticulture comme l’agriculture dépend au maximum des conditions climatiques et météorologiques pour croitre et produire, il n’existe donc pas un chiffre précis pour la production annuelle de vin de Porto. Voici donc quelques chiffres de production et de vente de vin de Porte.
En l’an 2000, la production de vin de Porto représentait 1,5 million d’hectolitres. En 2010 c’est 118 000 tonneaux produits, ce qui représente quasiment 93,5 millions de litres. L’année 2017 représente une production de plus de 750 760 hectolitres.
Bien que la consommation locale soit importante, le vin de Porto est consommé dans plus de 110 pays. Faisons un tour d’horizon de cette consommation suivant les différentes régions du monde.
De nombreux pays apprécient ces vins de Portos, soit comme apéritif en France ou comme vin pour les desserts en Angleterre par exemple, mais la consommation n’est pas identique dans tous les 110 pays qui le consomment.
Les 10 principaux importateurs de vin de Porto représentent à eux seuls 90 % de la consommation du produit. Pire encore les 3 principaux consommateurs représentent plus de 62 % du marché en 2017, il s’agit de la France pour 30,4 % des volumes exportés, suivie par les Britanniques et les Pays-Bas pour chacun 14,6 et 17,2 % respectivement des volumes exportés. Ces trois pays représentent à eux seuls en valeur 162,5 millions d’euros pour un marché d’exportation total de 304 millions d’euros.
Le classement des dix plus gros pays pour l’exportation en valeur en millions d’euros est après les trois pays sus-cités :
Les U.SA.
La Belgique
Le Danemark
L’Allemagne
Le Canada
L’Espagne
La Suisse.
Cependant ce classement des pays de destination des exportations représente des disparités. Car si ce classement est basé sur les volumes en millions d’euros. Or en parts de volumes exportées, les classements sont quelque peu modifiés.
Car si la consommation a largement augmenté entre le milieu de la décennie 1980/1990 jusque dans les années 2000 avec plus de 50 % de croissance, il s’avère que depuis 2000 la consommation baisse d’environ 25 %. Il y a donc une mutation de la consommation pour monter en gamme et choisir des produits plus aboutis par rapport à une consommation de volume. (Tous ces chiffres viennent de IDVP : l’Institut Des Vins de Porto)
Aujourd’hui, la majorité des caves de vin de Porto, installées pour le plus grand nombre à la ville nouvelle de Gaia, pour des raisons historiques, font partie de groupes internationaux, il ne reste que très peu de caves appartenant aux familles d’origine.