28 Mars 2024
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Humble par nature et éleveur de civilisations, le riz est considéré comme un festin qui unit le monde en un seul bol. En chaque grain réside la puissance de nourrir et de tisser des liens qui transcendent des frontières. Sa culture et ses pratiques variées s’étendent sur le monde en fonction des régions. Quels sont donc les méthodes de culture ainsi que les principaux pays producteurs de cet aliment qu’on surnomme « blé d’Asie » ?
Le riz est une culture qui a une grande importance culturelle, économique et sociale dans de nombreuses régions du monde, en particulier en Asie.
En Asie, le riz se positionne comme une culture essentielle depuis des millénaires. Les pays asiatiques comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Bangladesh, le Vietnam, la Thaïlande et le Japon se positionnent parmi les plus grands producteurs de riz au monde. En dehors de l’Asie, d’autres pays comme le Brésil, les États-Unis, l’Égypte, et certains pays d’Afrique produisent également du riz en quantités significatives.
Les méthodes de cultures du riz sont distinctes et adaptées aux différents environnements ainsi qu’aux ressources disponibles. Parmi les plus courantes, on compte :
Culture inondée : une méthode traditionnelle de culture de riz où les champs sont inondés d’eau pour permettre la croissance du riz. Cette méthode est couramment utilisée dans les régions où l’eau se trouve abondante, comme dans les plaines alluviales des grands fleuves. Cette méthode est très courante en Asie du Sud-Est (Thaïlande et Vietnam) et selon la disponibilité de l’eau on peut compter l’Inde et le Bangladesh. La Chine utilise diverses méthodes en fonction des régions, mais la culture inondée reste dominante
Culture de riz de montagne : dans les régions montagneuses où l’irrigation est difficile, le riz est souvent cultivé en terrasses pour retenir l’eau et permettre une croissance optimale. On retrouve le Japon qui utilise cette méthode de riziculture.
Culture en sec : dans certaines régions du monde où l’eau se fait rare, le riz est cultivé en utilisant des techniques d’irrigation plus efficaces ou en cultivant des variétés de riz qui nécessitent moins d’eau, comme en Inde, et au Bangladesh.
Système de riziculture intensive (SRI) : cette méthode repose sur des principes de gestion de l’eau, de la lumière et des nutriments pour obtenir de meilleurs rendements. Elle implique généralement la plantation de jeunes plants de riz individuels avec un espacement plus large et une gestion minutieuse de l’irrigation
Culture biologique : de plus en plus de producteurs adoptent des méthodes de culture biologiques pour produire du riz sans l’utilisation de produits chimiques synthétiques. Cela peut inclure la rotation des cultures, l’utilisation de compost et d’autres pratiques durables avec des lachés de canards dans les rizières pour nettoyer l’espace des nuisibles et de mauvaises herbes et apporter nourriture au sol avec leurs défections.
Le riz est géoéconomiquement important pour diverses régions et joue un rôle crucial dans :
La sécurité alimentaire : le riz représente l’aliment de base des millions de personnes en Asie. Sa production et sa disponibilité affectent directement la sécurité alimentaire dans ces régions.
L’économie agricole : la production du riz est une source de revenus pour de nombreux agriculteurs en Asie. Les exportations de riz dans des pays comme la Thaïlande, le Vietnam et l’Inde contribuent significativement aux recettes d’exportation et à l’économie nationale.
Les emplois : la culture, la récolte et le traitement du riz offrent des emplois à des millions de personnes en Asie, aussi bien dans les zones rurales que dans les industries de transformation associées
Le commerce international : le riz est l’une des cultures les plus échangées au niveau mondial. Les pays exportateurs de riz jouent un rôle majeur dans le commerce international et restent influents sur le marché mondial du riz.
Les traditions liées au riz varient selon les régions, allant des festivals saisonniers aux méthodes de cuisson et de consommation spécifiques. Par exemple, au Japon, le riz est souvent associé à des cérémonies religieuses et est préparé et consommé de différentes manières, comme le sushi ou le riz gluant pour les desserts. En Thaïlande, le riz reste un aliment de base souvent consommé avec des plats épicés et des sauces. Les rituels de plantation, de récolte et de consommation du riz font partie intégrante de nombreux Asiatiques depuis des siècles. Dans de nombreuses régions, la plantation de riz peut inclure des prières pour une bonne récolte, des danses traditionnelles ou des cérémonies religieuses. En Thaïlande, par exemple, la cérémonie de « Baai Sri Su Khwan » dirigée par un prêtre bouddhiste est traditionnellement réalisée avant la plantation du riz. Au Japon, les agriculteurs plantent le riz en rythme avec des chants et des danses pour encourager une croissance abondante. En Chine les agriculteurs plantent le riz en groupe tout en récitant des prières pour une bonne récolte, cette cérémonie est souvent suivie de festivités communautaires et de repas traditionnels.
Les pratiques culinaires et alimentaires liées au riz diffèrent aussi d’une région à une autre. Si les Thaïlandais préfèrent le riz gluant consommé avec des plats traditionnels comme le curry et la papaye verte écrasée, les Coréens, eux, le consomment souvent accompagné de légumes marinés ou du kimchi ou encore des viandes grillées. Les Chinois, de leur côté, le consomment souvent cuit à la vapeur et accompagné de plats sautés, de soupes ou de viandes braisées.
La façon dont le riz devient un élément central des festins partagés, les rituels alimentaires et célébrations autour de la culture du riz est tout autant diversifiée.
Au fil des âges, le riz a évolué et s’est diversifié pour répondre aux besoins des différentes cultures et régions du monde. Parmi les variétés de riz, on compte :
Le riz sauvage : une espèce qui pousse naturellement dans les zones humides et les marais (le sud de la France avec le riz camarguais par exemple)
Le riz cultivé : encore appelé Oryza sativa, il s’agit de la variété la plus largement cultivée dans le monde
Le riz à grains longs : cette variété a de grains longs et minces et est souvent utilisée dans les cuisines asiatiques et indiennes
Le riz aromatique : certaines variétés de riz sont connues pour leur parfum distinctif et leur saveur caractéristique
Le riz rouge et noir : ces variétés de riz ont naturellement une couleur rouge ou noire. Ils sont souvent considérés comme des superaliments et sont riches en antioxydants et en nutriments.
Le riz est l’aliment de base de 4 milliards de personnes et il contribue à 27 % des apports calorifiques dans les pays à revenus faibles et intermédiaires à travers le monde. Actuellement, la production mondiale de riz usiné (ce qui correspond au riz décortiqué) a atteint environ 526 millions de tonnes, soit une progression de 0,4 % par rapport au niveau révisé de 2022-2023, selon les rapports de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture).
Les tendances actuelles de la production de riz, sont influencées deux principaux facteurs, notamment la diversité génétique et les avancées agricoles. La diversité génétique du riz représente actuellement un atout précieux pour l’agriculture mondiale, offrant des possibilités d’adaptation, d’amélioration et de préservation de cette culture vitale. Des banques de gènes ont été établies à travers le monde pour préserver cette diversité génétique du riz. Et pour améliorer la productivité, la résilience et la durabilité de la culture du riz à travers le monde, des avancées agricoles arrivent de plus en plus nombreuses au fil du temps. Les programmes d’amélioration génétique du riz par exemple ont permis le développement de nouvelles variétés de riz avec des caractéristiques améliorées telles que la résistance aux maladies, la tolérance aux conditions environnementales défavorables, une plus grande efficacité dans l’utilisation de l’eau et des nutriments, et des rendements accrus. Aussi, l’adoption de technologies agricoles modernes telles que l’irrigation goutte à goutte, l’utilisation de drones et des capteurs pour la surveillance des cultures et l’application de l’agriculture de précision ont permis d’améliorer l’efficacité et la durabilité de la production de riz. Les avancées biotechnologiques ont aussi permis le développement et l’amélioration de la qualité nutritionnelle et l’augmentation des rendements. Toutes ces avancées agricoles ont contribué à l’amélioration de la sécurité alimentaire mondiale, à la réduction de la pauvreté rurale et à la promotion du développement économique dans les régions rizicoles à travers le monde.
Par ailleurs, face aux enjeux contemporains, la production rizicole reflète des défis tels que le changement climatique qui entraine des perturbations des cycles saisonniers, la disponibilité et la gestion de l’eau pour la production de riz, les fluctuations des prix des intrants agricoles des marchés, la dégradation des sols due à la surexploitation, etc. L’augmentation de la population mondiale nécessite une hausse de 20 % de la production de riz d’ici à 2040. Cependant, les possibilités d’extension des surfaces cultivées restent limitées. Il est essentiel d’augmenter la productivité tout en s’adaptant aux effets du changement climatique et en atténuant les impacts environnementaux de la riziculture. Face à la concurrence des usages urbains et industriels, l’utilisation des ressources (terre, eau, main-d’œuvre) nécessite une amélioration.
La production mondiale de riz est une entreprise vitale pour la sécurité alimentaire et la subsistance de millions de personnes à travers le monde. Alors que la demande de riz de ne cesse de croître, les défis auxquels sont confrontés les producteurs de riz évoluent également. Les tendances actuelles mettent en lumière la nécessité d’adopter des approches durables et résilientes pour relever ces défis, en tirant parti des avancées technologiques, des pratiques agricoles innovantes et de la collaboration internationale.
Semer les graines de durabilité aujourd’hui c’est récolter les fruits de la prospérité demain.
Cependant, quels sont les défis les plus pressants auxquels l’agriculture mondiale doit faire face dans les prochaines décennies, et quelles stratégies devraient être adoptées pour y faire face ?